Qu'est
ce qu'une étoile double ?
Certaines étoiles
forment des couples stellaires. Ces astres sont appelés étoiles
doubles ou étoiles multiples dans le cas ou il y a plusieurs composantes
ou compagnons.
Lorsqu'un couple est lié par la gravitation,
l'étoile double est appelée "étoile
binaire" ou "couple physique"
.
Dans le cas contraire, la proximité apparente
des deux composantes n'est due qu'à un effet de perspective. Dans
ce cas, le couple est en fait formé de deux étoiles éloignées
(l'une derrière l'autre par rapport à l'observateur). On
parle alors de "couple optique" ou "faux
couple". L'étude et la mesure des étoiles
doubles optiques ne présentent aucun interêt scientifique.
En revanche, comme nous allons le voir plus loin, puisqu'elles sont en
interaction mutuelle, les composantes d'un couple physique sont des sujets
d'observation riches d'enseignements.
Etoile double véritable
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Etoile double optique
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Etoile double véritable dont le mouvement
en orbite autour du centre de masse commun des composantes est le
résultat de l'attraction gravitationnelle mutuelle des deux
astres. |
Ici l'observateur pense observer
un couple dont les deux composantes sont rapprochées mais en
réalité le rapprochement est dû à la perspective |
Quelles
sont les différents type d'étoiles doubles ?
Les étoiles
doubles physiquement liées par la gravitation s'observent avec
des techniques différentes en fonction essentiellement de l'éloignement
du couple et de la distance réelle entre les composantes. Les étoiles
que l'on peut observer au travers d'un telescope ou d'une lunette sont
appelées étoiles doubles visuelles.
Pour les étoiles éloignées ou
dont les composantes sont très rapprochées, la véritable
nature multiple se révèle indirectement.
C'est le cas par exemple des étoiles doubles à éclipse
(ou photométriques) que l'on détecte par
une variation cyclique de la luminosité globale provoquée
par le passage d'un compagnon devant le disque plus brillant de l'étoile
principale. Cette détection indirecte n'est possible que si le
plan de l'orbite est orienté de façon favorable par rapport
à l'observateur.
Etoile double à éclispe
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La magnitude globale évolue avec
le passage du compagnon devant et derrière le disque de l'étoile
principale |
L'autre moyen de détection indirecte est donné
par le spectroscope qui analyse la nature de la lumière par le
positionnement des raies du spectre de la lumière émise.
Dans son mouvement orbital, la composante qui se rapproche de l'observateur
voit par effet Doppler son spectre de lumière se décaler
vers le bleu alors que la composante qui s'éloigne voit sont spectre
se décaler vers le rouge. Le spectre dans son ensemble, montre
alors des dédoublements de raies. Les couples ainsi démasqués
sont des étoiles doubles spectroscopiques.
Etoile double spectroscopique
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A droite : Les raies spectrales de la secondaire
sont décalées vers le rouge puisque l'étoile
s'éloigne de l'observateur. alors que celles de la primaire
se décalent vers le bleu car l'étoile se rapproche de
l'observateur. Et inversement pour l'image de droite. |
Entre ces deux techniques extrèmes il y a
les étoiles doubles interférométriques
dont les séparations ne peuvent être résolue que par
la diffraction, l'interférométrie des tavelures (spekcle)
ou par l'optique adaptative.
Quant aux étoiles astrométriques,
leur véritable nature est déduite de la mesure
des écarts "infimes" à la trajectoire normale
de celle-ci.
Quand une étoile double "vraie"
a été étudiée pendant assez longtemp une orbite
peut être déduite des observations. Une étoile est
appelée "double orbitale" quand une
orbite plus ou moins précise a été calculée
à partir des mesures prises au cours du temps.
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Figure : Catégories d'étoiles
doubles en fonction des techniques d'observation.
(credit observatoire de Besançon ) |
Comment
nomme-t'on les étoiles double ?
Les lettres grecques sont couramment utilisées
pour distinguer les composantes des étoiles doubles très
brillantes en appliquant des indices supérieurs en fonction de
leur position d'est en ouest. Ainsi, l'étoile alpha de la constellation
de la Balance est en fait une étoile double dont la composante
la plus à l'ouest est alpha1 même si alpha2 est la plus lumineuse.
Mais en général TOUTES les étoiles
doubles sont nommées par un numéro précédé
de l'abréviation du découvreur (code découvreur)
et parfois suivi des lettres des composantes si l'étoile est multiple.
Par exemple STF2202AB. "STF" veut dire que cette étoile
à été découverte par F. G. Wilhelm Struve
(1793-1864), "2202" est en général le numéro
de la découverte et "AB" indique que le couple décrit
correspond aux deux plus brillantes composantes de STF2202 qui possède
une autre composante "C" décrite dans le couple STF2202BC.
Des règles existent pour nommer les couples
et leurs composantes. Cela parait simple mais en fait cela peut devenir
complexe dans le cas de sytème multiple avec de nombreuses composantes
découvertes à des période différentes. Exemple
avec deux composantes AB, si A est finalement dédoublée
et B est aussi dédoublée alors le nom devient plus complexe
commme le montre la figure ci-dessous.
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Figure : Evolution de la désignation
d'un système au fur et à mesure de la découverte
de ses composantes.
- 1850 : Etoile double visuelle découverte
- 1900 : Un compagnon au mouvement propre
commun est découvert
- 1975 : La composante B est en fait une
double spectroscopique
- 1985 : La composante C est dédoublée
par interférométrie
- 1990 : Une troisième composante
à la composante C est dédoublée par interférométrie.
- 1995 : Une planète est découverte
autour de A
- 1998 : Une deuxième planète
est découverte autour de A
- 2005 : La composante primaire de B est
dédoublée par interférométrie longue
base
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Que
mesure-t'on ?
Outre la brillance
(magnitude) et la couleur d'un couple, les caractéristiques importantes
d'une étoile double visuelle sont la distance
des composantes (la séparation ou l'écartement)
exprimée en seconde d'arc et l'angle de position
(orientation du segment qui relie les composantes) exprimé en degrés.
Ces données sont généralement obtenues par un instrument
que l'on appelle micromètre. Mais beaucoup d'autres techniques
existent comme par exemple la CCD, les grilles de diffraction etc.
Les mesures accumulées par les astronomes au cours du temps (généralement
sur une très longue période pour les étoiles visuelles)
sont reportées sur un graphique qui permet d'obtenir directement
l'orbite apparente de l'étoile double (projection de l'orbite réelle
sur la sphère céleste). On en déduit ensuite par
le calcul ou par construction géométrique l'orbite réelle
et enfin les paramètres fondamentaux de l'orbite.
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La mesure de la séparation
est donnée en seconde d'arc. ( " )
L'angle se compte positivement du Nord au sud en passant par Est et
s'exprime en degres. ( ° ) |
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Après de nombreuses mesures
effectuées au cours du temps (cela peut durer plusieurs sciècles)
Il est possible de retracer le parcours apparent du compagnon et ainsi
calculer une orbite comme par exemple celles de Alpha Hercule et de
Gamma Lion (ci-dessus) |
Pourquoi
mesure-t'on les étoiles doubles ?
On peut mesurer
les étoiles doubles simplement pour le plaisir ! On peut aussi
observer les couples pour lever les incertitudes de position ou d'identification
des catalogues scientifiques comme le WDS.
Mais en réalité, la finalité
de ces mesures, le but principal, c'est d'obtenir des données pour
le calcul des orbites. Avec la connaissance des paramètres d'une
orbite en particulier la période et le demi grand axe avec l'information
de la distance (donnée par exemple par la paralaxe) il devient
possible de déduire directement de la 3ème loi de Kepler
la masse combinée du système. Le but ultime des mesures
est donc la connaissance des masses. Cette méthode de calcul est
l'unique moyen dont dispose les astronomes pour mesurer directement la
masse d'un système. La connaissance de la masse est fondamentale
pour connaître son évolution.
De nos jours, la masse de moins de 500 étoiles
a pu être réellement déterminée. Ces masses
permettent pourtant de calibrer la relation masse-luminosité d'Eddington.
Cette relation permet en principe de déduire avec un degré
de confiance relatif la masse des autres étoiles à partir
de la seule connaissance de leur éclat. La connaissance des masses
contribue de manière certaine à l'amélioration des
modèles qui décrivent l'évolution stellaire.
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Diagramme masse-luminosité
pour les étoiles
de la séquence principale |
Par ailleurs, les étoiles étant le
constituant principal de la plupart des "macros" objets de l'univers,
les propriétés telles que la masse, la densité, les
phénomènes atmosphériques stellaires, etc. devienent
des informations fondamentales pour n'importe quel type d'analyse théorique
dans la perspective d'améliorer les modèles cosmologiques
et plus généralement notre connaissance de l'univers. |